Porteur asymptomatique de la maladie de Huntington (MH), Albert Counet a transmis un accroissement de la mutation du gène à son fils Cédric, décédé en 2012 à 42 ans. Albert tente depuis des années de sensibiliser la société aux maladies rares, de favoriser un diagnostic rapide, et d’obtenir des soins adaptés.
Vers l’âge de 20 ans, Cédric, le fils d’Albert, a eu des phases de déprime soignées « classiquement » par son généraliste qui ne connaissait pas la MH. À 30 ans, c’est devenu plus lourd : perte de poids, d’équilibre, dépressions récurrentes… A l’époque Cédric vivait à Luxembourg. Après deux ans de tâtonnements, le neurologue a suspecté la MH mais il n’était pas possible à cette époque de faire un test génétique à Luxembourg. Le test a été effectué à l’Hôpital Erasme de Bruxelles où Cédric a été suivi pendant les premières années. Il a donc fallu 10 ans en tout pour le diagnostiquer. Nous ne connaissions rien de la MH quand elle a commencé à se manifester. Si nous en avions su un peu plus à ce stade, nous aurions fait faire un test tout de suite. Mais il faut bien réaliser qu’un test génétique ne s’improvise pas, tant ses impacts sont multiples.
Une fois le diagnostic posé, comment peut-on avoir accès à une expertise médicale ?
Pour des maladies rares de type Huntington, la connaissance des spécificités de la maladie et des techniques de suivi sont des éléments critiques. Les médecins (généralistes et même les spécialistes) et le personnel soignant sont peu au courant des spécificités de la maladie. Bien que l’hôpital Erasme ait toutes les compétences scientifiques nécessaires, ce n’est pas un centre d’accueil spécialisé. Raison pour laquelle, quand la situation est devenue trop lourde, nous nous sommes adressés à un des deux hôpitaux en Région Wallonne signataires de la Convention Huntington avec l’INAMI (Liège et Namur). Comme il n’y avait pas de place pour accueillir Cédric sur la durée, nous avons organisé une hospitalisation à domicile, chez nous. Cédric y est mort après 5 années de soins très exigeants, en termes de temps et d’énergie.
Quels sont les traitements disponibles ?
Pour Huntington, il n’existe aucun traitement. On peut rendre la maladie un peu plus supportable avec un médicament qui limite les tremblements. Et puis on utilise tout ce qui donne un peu de confort de vie : antidépresseurs, anxiolytiques, etc. Et on doit beaucoup veiller à la nutrition (les malades Huntington ont besoin de +/- 3.000 calories par jour alors qu’ils ont de grandes difficultés de déglutition).
Impact psychologique de ces maladies sur le patient et sa famille ?
Apprendre que vous êtes porteur du gène muté à un degré qui va complètement perturber votre vie, en vous condamnant à une mort précoce est un choc. Tout comme d’apprendre que votre frère / sœur est malade peut donner la culpabilité du survivant. Mon parcours personnel m’a fait comprendre à quel point les malades et les familles impactés par des maladies rares et orphelines sont démunis. Mon engagement dans les Associations est guidé par la volonté de les aider en partageant l’expérience et les connaissances accumulées en accompagnant la fin de vie de Cédric.
Description de la MR
La maladie de Huntington (MH) est une maladie génétique neurodégénérative héréditaire qui affecte les facultés motrices, cognitives et émotionnelles. Elle est parfois qualifiée de « la plus dévastatrice des maladies neurodégénératives ». Elle apparaît généralement vers 30-35 ans. Les malades ont entre 12 et 25 ans à vivre, selon le degré de mutation du gène. Il existe aussi des formes précoces et tardives. Au bout de leur parcours, les malades finissent grabataires, en totale dépendance.
Association de Patients
La Ligue Huntington Francophone Belge est un groupe d’entraide et de soutien pour les familles confrontées à la maladie de Huntington dans la partie francophone de Belgique. Elle a pour mission d’aider les malades et les familles en mettant tout en œuvre pour améliorer leur qualité de vie: www.huntington.be
Pour les Néerlandophones, il y a huntingtonliga.be
Particulièrement pour et par les jeunes, il y a la Huntington’s Disease Youth Organization: hdyo.org, un site multilingue « par les jeunes, pour les jeunes, en langage de jeune ».